Pendant près d’une heure, le Président Macron nous a proposé un service après-vente de son action, pour répondre à celles et ceux, dont nous faisons partie, qui considèrent qu’il flatte les égoïsmes et surfe sur les clichés : les pauvres ne feraient pas d’efforts, il y a trop d’aides en France, le système n’est pas efficace… Comme à l’habitude, il y a donc les beaux discours mais il y a aussi les notes de Bercy, qui considèrent les plus fragiles et les plus précaires comme une variable d’ajustement. Ni les uns ni les autres ne cachent plus la volonté maintenant affichée de réduire notre modèle social.
Disons le tout de suite : il n’y aura pas de lutte contre la pauvreté en réduisant les aides sociales de 7 milliards, comme il a été envisagé dans un premier temps par le gouvernement !
En qualifiant notre système de protection sociale de trop onéreux et en le stigmatisant comme une « charge » venant « alourdir » le déficit de la France, Emmanuel Macron pose le mauvais diagnostic. Il tente d’opposer la prévention et la responsabilisation au système de versement des aides sociales. Le système de protection sociale consiste à ce que chacun verse selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins, ce n’est pas l’aumône. Ce système a permis de ne pas faire exploser les inégalités.
Le Président a donc déroulé son message : ces sujets ne seraient pas une question d’argent.
C’est pourtant une question centrale, pour l’hôpital qu’il n’a évoqué que d’une phrase, pour la lutte contre la pauvreté et l’accompagnement qu’il considère comme essentiel, pour l’accompagnement de la dépendance. Ce sont des professionnels, des acteurs de la santé, du social, du médico-social, dont les emplois doivent être valorisés et revalorisés !
Pour réduire les inégalités, il faut évidemment mieux prévenir mais Emmanuel Macron ne peut pas se dédouaner sur les « acteurs » pour éviter que l’Etat prenne ses responsabilités. Des politiques de prévention ambitieuses existent sur la santé bucco-dentaire par exemple ou la vaccination. Elles sont portées par des collectivités que l’on tente de mettre sous la tutelle de Bercy qui les oblige à réduire leur périmètre ! Quand Emmanuel Macron fait le vœu pieu d’une prévention renforcée, il ignore la désertification médicale ou la médecine scolaire qui est sinistrée alors que ce sont des piliers de la médecine préventive. Quand il compare les chiffres du RSA à ceux des politiques d’accompagnement, plutôt que de jouer les bons conseilleurs, nous souhaitons qu’il s’attaque au problème du financement de la solidarité nationale pour que les Départements puissent se concentrer sur l’accompagnement
Alors bien sûr, le Président fait la promotion du 100% santé, son dispositif avec un reste à charge de zéro euros pour les dépenses de santé liées aux lunettes, aux prothèses dentaires et audio. Mais, rien sur la fiscalité des mutuelles qui permettrait de les rendre plus accessibles. Et comment oublier que en matière d’accès aux soins c’est le même gouvernement qui a mis fin à la généralisation du tiers payant ou augmenté le forfait hospitalier ?
S’attaquer aux problèmes à la racine, avec plus de prévention et d’accompagnement ne peut se faire à coup de baguette magique et de bonne volonté.
Pour tous les partenaires, les acteurs et les professionnels du social, pour les collectivités territoriales bientôt soumises à la contractualisation jacobine, la réalité est bien différente, et les moyens humains et financiers sont une part essentielle de la résolution du problème.
Alors Monsieur Macron, bien sur qu’il faut faire mieux et plus pour l’accompagnement et la prévention, mais avec quel « pognon »? Pour l’accompagnement, pour l’accès aux droits, pour les jeunes, 13 Départements dirigés par la gauche proposent de lancer une expérimentation d’un revenu de base permettant de lutter efficacement contre les causes de la pauvreté et facilitant le retour à l’emploi.
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste
Stéphane Troussel, Secrétaire national aux nouvelles solidarités, parcours de vie et innovation sociale
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