La Cinquième République a 60 ans. Conçue par et pour le général de Gaulle, elle a rempli sa mission au-delà même des espérances de son principal initiateur : un Parlement rationalisé au profit d’un exécutif renforcé. 

Elle a certes montré sa plasticité en résistant aux vicissitudes de la vie politique et en se réinventant au gré de quelques 24 révisions et grâce à l’œuvre créatrice du Conseil constitutionnel  qui, depuis 1971, a étendu son contrôle de constitutionnalité des lois aux droits et libertés fondamentaux consacrés par son préambule.
Elle a offert une véritable stabilité institutionnelle à notre pays, mais au prix d’un réel déficit démocratique. La Ve République a survécu à la démission de de Gaulle, à la mort de Pompidou, à trois cohabitations. Mais c’est un régime aujourd’hui à bout de souffle qui ne répond plus aux exigences démocratiques du XXIe siècle.La révision constitutionnelle voulue par E. Macron en aggraverait même les défauts : affaiblissement inédit du Parlement, déconnexion des parlementaires avec les territoires, verticalité du pouvoir et exacerbation de la domination présidentielle.

Le Parti socialiste refuse cette logique d’une « Cinquième République jusqu’au bout ». Ce que nous voulons, face à la crise démocratique, c’est un renforcement du Parlement, des contre-pouvoirs vivifiés, une décentralisation approfondie, une plus grande implication des citoyens, une laïcité pleinement garantie, ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi la consécration de nouveaux droits et libertés fondamentaux, parmi lesquels nous plaçons au premier rang la défense des « biens communs ». Toutes nos règles doivent être soumises à la préservation de nos équilibres économiques et sociaux.

Le Parti socialiste fait le choix et le pari d’une véritable démocratie collaborative où la logique de transversalité se substitue à celle, archaïque, de verticalité. Le Parti socialiste veut « la démocratie jusqu’au bout », où chaque citoyen est pleinement acteur et responsable par son engagement dans la vie de la cité. Nous voulons bâtir, avec les citoyens, une République nouvelle répondant à l’exigence d’une vie démocratique à l’image de la société française, dans toute sa diversité, loin de la dérive contemporaine d’un régime politique aux mains de la technostructure et des forces de l’argent, gouvernant au profit d’une caste ou d’un clan.

Sébastien Denaja, Secrétaire national à la démocratie citoyenne, libertés, justice et institutions

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