Face à la crise sanitaire dans laquelle la France est plongée depuis plusieurs semaines, le Parti socialiste souhaite d’abord renouveler son soutien sans faille à l’ensemble des personnels soignants qui se battent, jour après jour, pour la santé de toutes et tous. Grâce à eux et grâce au bon sens de chacune et chacun, notamment par le respect des consignes de confinement et des gestes barrières, nous pourrons endiguer l’épidémie qui s’abat à travers le monde et qui n’a pas connu de précédent depuis près d’un siècle.

Le Parti socialiste souhaite aussi apporter son soutien à l’un des secteurs les plus gravement touchés depuis le début de la crise, celui de la Culture.

La Culture donne la possibilité de s’émanciper, de se réunir et de partager dans notre société. Elle est un lien entre nous tous, citoyennes et citoyens, révélateur à la fois de notre unité et de notre diversité. Elle est une valeur indissociable de notre vivre-ensemble. En temps de crise, la Culture tient un rôle premier, celui qui évite de céder à la peur, à l’obscurantisme ou à l’ignorance. Le Parti socialiste a toujours porté haut et fort son attachement aux artistes, aux acteurs culturels et s’est toujours attaché à développer une politique publique en faveur de la Culture au service de chacune et chacun.

Avec l’interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes, puis ceux de plus de 1 000, de plus de 100, jusqu’au confinement total de la population, il va de soi que la diffusion culturelle ne peut plus être pleinement effectuée. Fort heureusement, elle pénètre encore chez nous, au travers des livres, grâce à la radio, la lecture ou aux écrans. De nombreuses et belles initiatives, drôles et poétiques, voient le jour sur les réseaux sociaux ou sur les chaînes publiques, pour que plusieurs formes d’art continuent à nous parvenir.

Malheureusement, ces initiatives, aussi belles soient-elles, ne peuvent masquer le constat d’une économie culturelle aujourd’hui totalement à l’arrêt et qui, sans une action publique forte, sortira de cette crise profondément affaiblie. Il faut certes parer au plus urgent mais l’urgence ne doit pas entraver la possibilité de penser, dès maintenant, l’après. Ce sont des milliers d’artistes, de technicien.ne.s et d’acteurs culturels qui risquent de connaître très vite une situation de grande précarité, des centaines de structures productrices ou organisatrices qui pourraient cesser définitivement leurs activités. Nous leur devons un soutien massif, une aide sans faille.

Les premières décisions du gouvernement et de certaines collectivités territoriales vont dans le bon sens mais nous, socialistes, appelons comme beaucoup de syndicats du secteur, à un renforcement urgent de celles-ci.

Aider les personnes

Pour les artistes et technicien.ne.s intermittents, nous demandons de modifier les modalités d’accès à l’ouverture ou au renouvellement des droits à l’allocation chômage d’autant de temps que sont interdits les rassemblements de plus de 100 personnes. Pour certains d’entre elles et d’entre eux, engagé.e.s pour des rassemblements de plus de 5 000 personnes ou de 1 000 personnes, il faudra leur permettre de rallonger cette période d’autant de temps que sont interdits ces types de rassemblement. Afin de répondre à toutes les problématiques, une diversité de mesures devra être proposée pour répondre à l’ensemble des situations, de celles des primo-entrants aux intermittents ayant perdu leur contrat de travail, mais aussi pour aménager les règles d’assurance-chômage au-delà de la période de confinement. Pour les plus fragiles d’entre eux, nous demandons une aide sociale exceptionnelle.

Pour les auteurs, les plasticiens, et les artistes ne relevant pas de l’intermittence, des mesures spécifiques d’accès aux fonds de solidarité doivent être mises en place.

Aider les structures culturelles

Pour les structures productrices ou organisatrices fragilisées, nous souhaitons que les fonds d’urgence mis en place, que ce soit pour la filière musicale, le spectacle vivant, le livre ou les arts plastiques, ne soient pas dès maintenant limités dans leur montant avant une réelle évaluation du sinistre. Chaque structure devra être aidée à hauteur de ses pertes dûment justifiées (représentations annulées, événements annulés, contrats de cession annulés, etc.). Les reports de charges des cotisations sociales, des taxes ou des impôts, hormis le prélèvement à la source, devront durer le temps nécessaire à ce que le secteur culturel retrouve une visibilité suffisante sur l’avenir. Il est aujourd’hui certain que la période estivale et ses festivals seront fortement impactés. Il faut donc agir pour que, dès la sortie de crise, notre pays retrouve rapidement sa vitalité culturelle.

Soutenir le secteur culturel par la solidarité

Nous appelons à une complète solidarité de l’ensemble des acteurs culturels. Dans la mesure du possible, les structures les plus solides financièrement, ainsi que les opérateurs subventionnés par l’État et/ou par les collectivités territoriales, se doivent d’être aux côtés des structures les plus fragilisées, comme des intermittents, en les indemnisant au maximum. Invoquer le cas de force majeure permet de casser toute contractualisation existante sans indemnité aucune. Il faut ici en mesurer les conséquences et éviter que le secteur ne soit pénalisé. Nous saluons tous les spectateurs qui choisissent de ne pas se faire rembourser leurs billets pour venir en soutien à la filière du spectacle vivant. Nous demandons à l’État que ces billets non remboursés soient considérés comme des dons déductibles de l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés.

Enfin, nous resterons extrêmement vigilants sur le fait que toute aide d’urgence débloquée, notamment publique, ne vienne pas diminuer les dispositifs normaux d’aide déjà existants.

L’urgence sanitaire est bien sûr prioritaire mais elle ne doit pas mettre à mal l’activité culturelle future.

L’épidémie sera vaincue et cette victoire devra sonner l’heure d’un humanisme, d’un universalisme, d’une émancipation collective retrouvés à travers le vecteur essentiel à ces valeurs fondamentales : la Culture.

Olivier Bianchi, Secrétaire national chargé de la Culture

Juliette Mant, Déléguée nationale chargée de la Culture

Clément Sapin, Délégué national chargé de la Culture

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